Ce n’est pas un scoop, le numérique n’est peut-être pas aussi propre qu’il n’y parait.
L’envoi de mails, par exemple, provoque une émission de CO2 mais un mail non lu et stocké dans la boîte émet également du CO2 sans parler des signatures personnalisées avec image, des pièces jointes parfois très lourdes…
Il faut aussi prendre en compte que lorsque vous envoyez un mail, que vous partagez des photos ou publiez des articles, les datas centers vont doubler ces informations afin de les garder dans serveurs différents pour plus de sécurité.
Selon des chiffres publiés par le cabinet d’analyse Green IT, chaque année, un salarié français émet l’équivalent de 514 kg de gaz à effet de serre, rien que par son activité numérique. C’est l’équivalent d’un Paris-Moscou en voiture… (chiffres issus d’un benchmark réalisé auprès de neuf grandes entreprises, privées et publiques, qui comptent 515 000 utilisateurs et disposent de 2,6 millions d’équipements informatiques.)
Par conséquent, le simple fait de nettoyer sa boite mail a un effet bénéfique sur l’environnement de même que le fait de se désabonner des newsletters qui ne vous intéressent pas. Certaines applications vous permettent de désactiver les notifications depuis les paramètres de votre compte.
Une autre action toute simple dont on pense à tort qu’elle n’a pas beaucoup d’impact consiste à débrancher tout ce qui peut l’être, tout comme fermer ou supprimer les applications inutilisées sur son smartphone.
Les moteurs de recherche Internet sont très consommateurs d’énergie. Le fait de saisir directement l’adresse dans la barre d’adresse réduit considérablement les émissions de gaz à effet de serre. L’utilisation de favoris ou la consultation de l’historique permettent d’accéder plus rapidement au site souhaité.
L’obsolescence programmée a également un impact non négligeable sur l’empreinte numérique. Alors qu’en 1985, la vie d’un ordinateur était en moyenne de plus de 10 ans, on est aujourd’hui à moins de 3 ans voire moins de 2 ans. Sachant qu’il faut l’équivalent de 100 fois son poids en matières premières pour fabriquer un ordinateur et 16 000 fois pour une puce électronique, cela a-t-il véritablement un sens d’instaurer une date limite de péremption ? Revenir à une durée de vie plus longue permettrait également de lutter contre la pollution numérique.
Allonger la durée de vie des produits passe aussi par une remise en question de la conception des logiciels. La course à la performance et à la multiplicité des fonctionnalités nécessite des équipements de plus en plus puissants et gourmands en énergies.
L’obésiciel, ou le gras numérique, est le 1er facteur d’obsolescence. Aujourd’hui, pour utiliser Windows/Microsoft Office il faut 114 fois plus de mémoire vive qu’en 1997
selon Frédéric Bordage fondateur de Green IT
Le code des applis est de plus en plus lourd et complexe avec des fonctionnalités souvent plus ‘gadget’ qu’utiles, des plug-ins, des widgets, perdant parfois de vue l’essentiel et n’ayant pas conscience des conséquences sur la consommation en ressources informatiques et donc en énergie.
Quand on pense que l’ordinateur qui a emmené l’homme sur la Lune disposait d’une mémoire centrale d’environ 70 kilo-octets, soit autant que le poids d’un e-mail aujourd’hui, on constate que l’efficience informatique s’est spectaculairement dégradée en un demi-siècle.
Paradoxalement, le numérique en lui-même répond déjà à certains défis environnementaux. Des solutions ‘cleantech’ sont présentes dans de nombreux domaines : énergies propres et renouvelables, optimisation de la consommation énergétique et des circuits alimentaires, gestion de l’eau et des déchets, mobilité verte, fluidification des flux de transports dans les villes, éclairage public intelligent, surveillance en temps réel des forêts, de l’air ou des océans, nouveaux matériaux moins polluants… L’innovation verte est si prometteuse que beaucoup pensent que la révolution numérique contribue déjà fortement à la transition écologique. Mais on en est loin.
Pourtant, des solutions sont déjà mises en place
De plus en plus de data centers sont refroidis par géothermie ou alimentés par des énergies renouvelables. La startup Stimergy, située à Grenoble, réutilise la chaleur dégagée par ses data centers, grâce à une chaudière numérique, pour chauffer des bâtiments d’habitation ou des infrastructures comme des piscines.
D’autres, à l’image de l’ingénieur français Luc Julia, co-créateur de l’assistant vocal Siri d’Apple, pensent que l’ère du big data très énergivore est révolue et qu’il serait plus judicieux d’entrer dans celle du ‘smart data’. Une vraie intelligence artificielle serait une intelligence capable d’apprendre par elle-même plutôt que d’être obligée d’ingérer un volume démentiel de données…
Les bonnes pratiques liées à la démarche DevOps vont dans le sens d’une éco-conception des logiciels.