Si l’on vous disait qu’à la fin des années 70, les femmes incarnaient 30 à 50% des fonctions techniques dans les métiers du numérique telles que l’exploitation ou le développement et qu’elles ont abandonné ces professions à partir des années 80. Au-delà de la surprise, quelles seraient les raisons de ce changement brutal de la baisse du pourcentage des femmes dans la Tech ?
Tout d’abord, à cette époque, le codage était perçu comme une tâche simple et administrative confiée aux femmes. Mais lorsque les salaires des métiers Tech ont augmenté, les hommes ont commencé à s’y intéresser davantage. De plus, la culture des publicités dans les années 80 contribuait à lier l’informatique à la gent masculine. Des portraits d’hommes seuls étaient mis en avant sans que l’on aperçoive de femmes, ce qui a complètement influencé le monde de la tech. Enfin, l’image caricaturale du geek asocial a longtemps été véhiculée par les médias et les femmes ont naturellement déserté le numérique.
Heureusement aujourd’hui ces facteurs se sont atténués sur le plan de la communication mais le nombre de femmes dans le monde de la Tech reste encore bien trop bas…
Sur 5 salariés travaillant dans la Tech, moins d’une personne est une femme
Selon le rapport de Gender Scan de 2022, seulement 17% des spécialistes de la tech sont des femmes. Même scénario observable à la Silicon Valley avec 13% de femmes qui accèdent à des postes de management dans les entreprises Tech et les entrepreneuses ne dépassent pas la barre des 7%.
Généralement, ce sont les postes à forte responsabilité au sein des équipes dirigeantes dans lesquelles la parité est la moins respectée. En effet, seulement 13 % des postes de dirigeants du programme French Tech 120 sont occupés par une femme (dont 7 femmes CEO). De même, au sein du label Next 40 exclusivement, aucune femme n’est à la tête d’une start-up. Pire encore, 23 % de ces entreprises n’ont aucune femme dans un poste de direction. Lorsque les femmes parviennent à se faire une place dans ce monde d’hommes, elles souffrent bien souvent de devoir :
- Faire beaucoup plus que leurs collègues masculins
- Davantage prouver leur légitimité pour être réellement prises au sérieux
Les critères de l’opération Ingénieuses sont d’ailleurs édifiants : parcours atypiques, du management, de l’entrepreneuriat… Comme dirait Maud, Directrice Technique de SoftFluent
Demande-t-on à un journaliste ou un docteur de faire en plus d’autres choses que son travail pour donner envie ?
Un meilleur respect de la parité dans ces métiers Tech permettrait de répondre aux problèmes sociaux de représentation de la pluralité des profils en France mais aussi de faire face à la pénurie de talent à laquelle fait face le secteur Tech depuis quelques années. Ce manque de main d’œuvre est la préoccupation n°1 de la French Tech, aboutissant à une augmentation démesurée des coûts et fragilisant l’équilibre notamment des petites entreprises.
Des stéréotypes visibles dès l’orientation à l’école
Cette masculinisation des profils dans les métiers de la Tech s’explique aussi, en grande partie, par l’éducation. Selon une étude publiée en 2021 par Epitech et Ipsos sur des lycées français, les écarts se creusent dès l’école au moment de l’orientation, seulement 33% des filles sont encouragées à s’orienter vers les métiers du numérique contre 61% des garçons.
Ces chiffres illustrent bien la difficulté pour les femmes d’échapper aux stéréotypes. Pourtant, l’emploi dans le numérique progresse 2,5 fois plus vite que les autres secteurs.
Toutefois, certaines données recueillies dans cette étude redonnent de l’espoir quant à l’avenir des femmes dans la Tech. On note que 93% des lycéens considèrent qu’il est important, voire indispensable, de favoriser la diversité dans la Tech. Un espoir qui se lit aussi au niveau des entreprises qui recherchent de plus en plus des candidates et commencent à valoriser la mixité au sein des équipes.
La mixité mise en avant
De plus en plus d’études comme celle de Gender Scan en partenariat avec l’UNESCO, prouvent que les équipes mixtes sont plus performantes et innovantes grâce à leur mixité.
Le baromètre des start-up tech réalisé par Sista et Boston et publié en mars 2022 montre que les équipes mixtes sont les grandes gagnantes des levées de fonds et ont 1,4 fois plus de chance d’être financées dans les premiers tours de financement que les équipes 100% masculines.
Chez SoftFluent, la mixité dans les équipes est un des objectifs affichés, même s’il s’avère difficile par les ratios même de candidatures du marché.
Le système de recrutement mit en place chez SoftFluent et appliqué par nos RH ne fait pas de différence entre les profils féminins et masculins, voire privilégie les profils féminins lorsqu’ils se présentent, car ils sont plus rares. Comme le précise Rose, chargée de recrutement :
Il est vrai qu’il est compliqué de trouver une femme dans la tech et celles qui postulent sont souvent en reconversion professionnelle et manquent donc de compétences techniques et d’expérience dans leur domaine. Cependant, dès que des profils intéressants se présentent, nous mettons tout en œuvre pour qu’elles nous rejoignent et deux alternantes développeuses ont rejoint l’Académie SoftFluent cette année. Elles bénéficient d’un encadrement de mentoring récurrent avec leur manager d’équipe.
S’il est difficile d’avoir la parité homme/femme dans notre secteur pour les raisons que nous venons d’évoquer, nous sommes fiers d’avoir 2 femmes au Codir (sur 6 personnes) dont la CTO qui est une femme.
Une amélioration timide mais notable
Selon une enquête de TrustRadius « Women in tech report highlights”, 28% des femmes dans la tech pensent que la parité homme/femme s’est améliorée ces dernières années au sein de leur entreprise. Au niveau Européen, une prise de conscience commence à naître au niveau des instances dirigeantes grâce, notamment, à l’initiative Women Tech EU lancée en 2021, visant à soutenir les entreprises pilotées par des femmes.
Des régions sur le territoire national commencent aussi à se mobiliser face à la pénurie de femmes dans le secteur. Ces 25 et 26 mai derniers, la région Occitanie a organisé les Assises Régionales de la Féminisation des Métiers et Filières Numérique, qui a pour vocation d’alerter et d’agir face à l’urgence, à influencer les politiques publiques et les comportements en matière d’orientation et d’éducation, d’emploi et d’insertion.
Cette première édition parrainée par Femme@Numérique et le Ministère chargé de la Transition numérique et des Télécommunications a pour but d’emmener tous les territoires dans cette démarche et de tendre vers une parité dans le secteur Tech sur l’ensemble de l’hexagone. Femmes@Numérique, Social Builder, 1000 femmes dans la Tech, Becomtech, Descodeuses et bien d’autres, sont autant d’associations et d’initiatives qui prouvent que l’on est en bonne voie bien qu’il reste encore du chemin 😊